La démarche du minimalisme est intéressante. Mais elle est souvent présenté comme une manière de se débarasser des choses non fondamentales. À grand coup de tri et de ménage, on évacue les objets que l'on pense inutiles, sans vraiment remettre en question tout le système qui nous a poussé à les acheter... On pense ainsi prendre un "nouveau départ" ... pour mieux recommencer à acheter ?

Marie Kondo, gourou du rangement et d'un mode de vie plus minimaliste, est ainsi critiquée. D'abord pour son manque de discernement quant au choix des objets à jeter (sa méthode reposant uniquement sur une supposée affection pour les objets à garder), ensuite pour son manque de méthode dans la manière de se débarrasser de ces objets (le plus souvent jetés à la poubelle), et enfin pour l'ouverture récente d'un e-shop en son nom pour vendre de nouveaux objets, le plus souvent de décoration et sans grande utilité. 

L'idée principale du mode de vie "minimaliste" est de se débarrasser de la plupart des nos possession, pour ne garder que ce qui serait essentiel. Cela afin de se rencentrer sur ce qui compterait vraiment, les relations humaines et le développement personnel. Fumio Sasaki a écrit un livre après avoir mis en pratique certains des concepts du minimalisme. Nos "vrais" besoins sont pour lui minimes : "Manger - travailler - socialiser". Certains enseignements paraissent farfelus, mais d'autres pleins de bon sens comme l'aptitude à "lâchez-prise" et à "résister" aux formes de tentation que constitue la publicité, les objets gadgets ou inutiles. Il ne me semble pas que les minimalistes renoncent au confort, mais plutôt au standing et à tout forme de satisfaction qui ne serait que temporaire.
Une fausse piste consiste en l'utilisation abusive du numérique et du "nuage". Certains estiment qu'une manière de se débarrasser de nos possessions serait de les numériser. En réalité, accumuler devient encore plus facile puisque tout est numérisé, facile d'accès et bien rangé. Et l'infrastructure numérique, invisible, est souvent bien plus énergivore que l'infrastructure industrielle matérielle. Mettre nos musiques, nos photos, nos vidéos en ligne sans les conserver sur un support physique suppose que de l'énergie est mobilisée chaque fois que nous voulons y avoir accès.
minimalisme
mirage numérique
vie monacale
L'organisation de la vie monacale semble être une manière intéressante de vivre avec moins. Les principes de base de la religion rejettent le consumérisme, et les plaisirs de toute nature.

Les moines vivent en communauté et tentent de subvenir par eux même à leurs besoins. Le travail est une valeur cardinale : il ne faut jamais rester oisif. Il est orienté vers la satisfaction de besoins primaires comme manger ou vers des activités liées à la spiritualité (la recopie de manuscrits).

Mais cette organisation est-elle transposable dans notre quotidien ? Sommes nous prêt à vivre de facon aussi ascétique sans adhérer à la spiritualité qui accompagne les moines ? La vie des moines est intéressante mais détachée de toute passion. Le confort y est mis en opposition avec le travail. Le travail doit être dur, pour que l'on apprécie d'autant plus le confort stricte du monastère.
 
décroissance


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La décroissance, c'est la conviction qu'il nous est impossible de continuer à faire de la croissance économique une nécessité. Il va donc falloir chercher des solutions pour continuer de vivre sans pour autant favoriser le productivisme, la consommation et plus généralement l'activité économique. C'est un monde plein d'astuces pour ne pas subir sans s'y être préparé un ralentissement des rythmes productifs et in fine une réduction de notre confort.

De ceux qui refusent de vivre en société pour s'isoler dans des ZAD ou des habitations reculées, à ceux qui tentent de concilier un mode de vie citadin avec un rejet de toute pratique sur-consommatoire, la diversité des "décroissants" est grande. Ce sont peut être ces derniers les plus intéressants, parce que leurs manières de vivre semblent les plus concrètes, les plus faciles à mettre en place. Mais (on le voit à la fin de ce reportage un peu daté), les efforts semblent parfois dérisoires et peuvent constituer une autre forme de standing réservée à une élite (le bio, les petits créateurs éthiques,...) qui ne changera pas des habitudes plus fondamentales. Faut-il pour autant les condamner ? Comment rendre ces pratiques accessibles à tous ? 

vivre avec moins
Vivre avec moins semble aujourd'hui être devenu un impératif, presque une injonction. Mais si l'objectif est louable et nécessaire, les méthodes pour y parvenir sont variées et mènent parfois à une destination opposée à celle recherchée. Comment faire sans tomber de nouveau dans les travers du système industriel et du capitalisme ?
Le camping, même si il est le plus souvent limité à quelques semaines dans l'année, propose une vision intéressante d'une vie plus simple. Qu'il se fasse dans une tente ou dans un bungalow, on y limite volontairement le confort dans un souci non seulement de coût, mais aussi pour limiter les contraintes liées au déplacement ou à l'entretien du matériel. Le confort ainsi perdu est remplacé par un sentiment de liberté, et un cadre naturel et/ou social souvent appréciable. 

La mode des Tiny house tente de transposer ces modes de vie dans une temporalité plus quotidienen. Ces petites maisons ne renferment que le stricte nécessaire et peuvent ainsi s'implanter en pleine nature. Dépourvues de grandes pièces, de fondations et de certains appareils, elles sont moins énergivores qu'une habitation classique. À l'inverse, le "Glamping" (contraction de glamour et camping) constitue une version très luxueuse du camping en tente. 
camping

low-cost
Dans la démarche, low-cost, il ne s’agit pas avant tout de produire moins cher, mais plutôt d’inciter à consommer moins cher. La différence peut sembler subtile mais elle induit un renversement dans la manière de concevoir le produit low-cost comparativement à son homologue discount. La production est rationalisée, non seulement en fonction d’objectifs de coûts, la démarche est ici la même que dans toute logique industrielle, mais surtout en fonction d’objectifs d’usage. Il s’agit de ne vendre que l’essentiel pour vendre moins cher. Tout ce qui est superflu est optionnalisé, c’est à dire laissé au choix du client. Le produit low-cost ne force pas le consommateur à envisager de nouveaux besoins et l’incite même à réduire ceux qu’il pense incompressibles. Un très bon exemple est la Dacia Sandero, voiture la plus vendue en France auprès des particuliers en 2019. Comme la 2CV ou la Coccinelle avant elle est concue avant tout pour rouler et minimise les options superflues. Cela en fait à la fois une des voitures les plus simples du marché, et les plus faibles techniquement. 

On peut arguer que trop rendre accessible certains biens à l'effet inverse à celui recherché. À trop faciliter l'achat d'une voiture, ne rend on pas plus facile les dépenses d'énergies et les renouvellements inutiles ? Le low-cost de substitution (j'achète un bien low-cost au lieu d'un bien plus classique) est efficace pour réduire le gaspillage. À voir comment favoriser celui-ci plutôt qu'un low-cost de "doublon" (j'achète un bien low-cost en plus de celui que j'ai déjà) ou "d'accès" (j'achète un bien low-cost alors qu'auparavant je ne pouvais pas me permettre sa version plus classique).